UN VIEILLARD

 

 

Au fond du café bruyant

Un vieillard est assis, penché sur une table,

Un journal devant lui, sans compagnie.

 

Dans sa misérable vieillesse méprisée,

Il  pense combien peu il a profité des années

Alors qu’il avait force, éloquence et  beauté.

Il sait qu’il a beaucoup vieilli ; il le sent, il le voit.

Et pourtant, hier encore,  il était jeune.

Quel bref espace ! Quel bref espace !

 

Il songe à la prudence qui le moquait,

A la confiance qu’il avait - quelle folie ! - ;

En cette menteuse qui lui disait :

« Demain Tu as bien le temps ! »

 

Il se rappelle les élans retenus, les joies

Sacrifiées. Aujourd’hui,  chaque occasion qu’il a perdue

Rit de sa sotte réserve.

 

… Mais tant de pensées, tant de souvenirs

Ont étourdi le vieillard. Il s’est endormi,

Appuyé à la table du café.

 

 

Traduction de Socrate C. Zervos et Patricia Portier